Comtesse Séverine de POSSEL-DEYDIER
Encre Rouge EAN 13 : 9782377896394
En voulant rédiger cette chronique, je me rends compte qu’il est compliqué d’aborder la littérature « sensualité » avec le regard d’un homme. Compliqué en raison de l’évolution des mœurs, je veux dire le regard des autres, ce baromètre qui guide jusqu’à nos pensées les plus épurées pour les salir au nom… Au nom de quoi ? Mais de quel droit devrais-je écarter le talent de certains auteurs pour simple raison de censure sociétale ? Jouer les hypocrites en me cachant sous les couvertures sans assumer ce qui édifie l’une de mes raisons d’être, celle qui me pousse à découvrir les plumes belles, les livres qui interpellent par une certaine originalité.
Parmi les ouvrages que l’on m’adresse, nombreux sont ceux qui se prétendent « érotique » alors qu’ils ne contiennent, à mon regard, qu’une monotone description des fantasmes du rédacteur. L’érotisme est un art difficile, principalement en littérature, au cinéma également. La beauté de ce qui entoure les secrets d’alcôve entre des êtres qui s’offrent l’intimité demande énormément de tacts afin de ne pas rendre grossier ce qui devrait être sublimé. J’ajoute : sous réserve d’être basé sur le consentement.

Ainsi, vous l’aurez compris, en abordant les ouvrages, car il y en a plusieurs, de Séverine De Possel-Deydier j’étais dérangé par des aprioris basés sur l’expérience de quelques lectures passées. Vous savez probablement de quoi je parle si je vous précise qu’elles (les lectures passées) décrivent des platitudes sans aborder les flammes générées par un subtil parfum d’ensorcèlement. Je vous l’accorde, ce genre d’écriture parvient à se sublimer lorsque l’auteur oublie ses propres chimères afin d’éveiller la curiosité de l’autre par l’emboitement des mots, jeu de plume, jeu de séduction. N’est-ce pas le rôle de l’écrivain que d’éveiller les curiosités avant de vous tendre la main en voyage de curiosité ?
J’ai donc, vous l’écrivais-je, ouvert la première page de «Journal d’une coquine confinée ». Mes yeux ont survolé quelques lignes, puis les suivantes et les suivantes encore pour perdre toute volonté à s’arracher de l’œuvre tant pour raison de la fluidité de rédaction que la beauté des crayonnés. Ah ces crayonnés ! Ces offrandes picturales essaimant un recueil que j’ose vous inviter à découvrir seul ou, pourquoi pas, à deux ?
Il fallait l’oser ! Aborder la souffrance d’un corps meurtri par une pathologie que l’on ne guérit pas en raison probablement d’un manque de rentabilité. On devine, sous forme de cahier intime, les jours qui se déterrent en lutte obsédante à garder bonne figure malgré un corps hurlant de douleur insoutenable. Ensuite, une idée saugrenue, une impulsion, un truc qu’on ne ferait jamais, mais que l’on ose pourtant. Ici s’arrête ma description, la surprise se mérite, la découverte n’en sera que plus belle.

Ce livre je l’ai lu, là, assis sur une chaise alors que la foule m’entourait pourtant dans un salon littéraire planté près de la frontière qui sépare la France de l’Espagne. Aurais-je dû montrer mon embarras ? Pourquoi donc ? De gêne, il n’y en avait pas. Découvrir un livre, un livret, ne requiert aucune justification. Étonné par la beauté des crayonnés, je me suis tourné vers mon voisin qui partagea le plaisir de cette découverte. Nous avions compris qu’entre nos mains, s’offraient des lignes rédigées sans prise de tête, entre lesquels se devinait une forme d’appel à l’aide. Cette femme décrivant ses secrets les plus intimes s’offrait aux yeux du monde probablement pour exorciser ses peurs des lendemains de larmes. De l’érotisme certes, mais sans vulgarité. C’est comme si je découvrais le charme de la noblesse après avoir fréquenté la plèbe.
Merci madame, car si vous n’êtes pas Victor Hugo, qu’importe, votre littérature éveille la curiosité et que dire de vos dessins ?
Philippe De Riemaecker