Un nouveau roman sur le feu :

coup d’œil en cuisine

À quarante ans, Julien Sansonnens est déjà une voix qui compte dans le paysage littéraire romand. Son quatrième roman, consacré à l’Ordre du Temple solaire, lui a valu le prix Édouard-Rod en 2019. Sitôt « L’enfant aux étoiles » paru aux éditions de l’Aire, il s’attèle au livre suivant.

Photo : David Zuber

Pourtant, Julien Sansonnens tique quand il entend parler de la jouissance de l’écriture. Lui la vit plutôt comme un sacerdoce. Ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il s’installe à son bureau pour y consacrer deux heures chaque soir, après une journée de travail. « Je passe déjà 43 heures par semaine assis, le corps est sollicité. » S’il s’astreint néanmoins à une telle discipline, c’est qu’elle s’impose à lui comme une obligation. « Dans la hiérarchie des frustrations et des souffrances, c’est encore pire de ne pas écrire. À un moment, les choses doivent sortir. » L’auteur évoque ce besoin vital de s’exprimer qui fait notre humanité. Ce besoin de donner du sens.

Julien croit au labeur plus qu’au talent. « Il n’y a rien de pire que les livres paresseux, quand on ne sent pas la sueur sur le clavier. » Un travail qui consiste tout d’abord à se documenter, parce qu’un roman doit, selon lui, apprendre quelque chose aux lecteurs.

Le livre en cours s’inscrit dans la tradition des écrivains voyageurs. Il y sera question du mouvement des gilets jaunes. Et de la France, à travers le regard neuf et un peu naïf d’un commerçant qui la traverse pendant une semaine pour en faire une sorte d’état des lieux.

Ce narrateur découvre un pays accroché à une idée de grandeur, nostalgique d’un passé glorieux révolu. Un pays qui se pense à part et qui assiste dans la douleur à un déclassement économique et géopolitique. L’insurrection dont il est témoin lui apparaît comme un évènement politique majeur. Pour preuve, la violence sans précédent de la répression. « Quand tu es prêt à te faire matraquer, tirer au flash ball à bout portant, priver de salaire, c’est qu’il y a vraiment un problème. »

Il y a certes une tradition de contestation en France, mais elle émane habituellement de la classe moyenne instruite. Ce qui change avec les gilets jaunes, c’est la sociologie des participants. À travers eux, on aperçoit le peuple invisible, la France périphérique, celle des petits patrons et des agriculteurs. Une France prête à tout pour que survive le mythe républicain tel que la tradition monarchique et la révolution l’ont façonné.

Sabine Dormond

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