Émilie Chevallier Moreux – Éditions Noir d’Absinthe ISBN : 978-2-490417-43-8
La coïncidence est étrange, presque magique et au vu des circonstances je suis tenté de vous inviter à lire « Marraine » de Émilie Chevallier Moreux comme si ce livre n’était pas qu’une simple expression de l’imagination. Oui, mais ? Imaginer ou croire et croire à quoi ? À la magie parbleu ! Cet étrange pouvoir auquel nos anciens croyaient. Ces mystères que la science renie, que la religion emballe sous l’appellation de « superstition ». Allons ! La belle affaire. Si notre siècle n’était violenté par les extrêmes de tout bord, je vous avouerais que le sourire lisserait mes rides rien qu’à songer au mot « miracle » exploité par les prêches alambiqués. Et pourquoi pas ? Pourquoi ne pas se vêtir d’une innocence d’enfant, d’un peu de naïveté au risque de se laisser entraîner dans un périple imaginaire ? Soyez préparé à trembler mais, pas de peur, au contraire, en agréable sensation.

Que dire de l’écrivaine ? Émilie Chevallier Moreux nous offre à travers ses écrits, une vision originale de ce que représente la littérature en général. Voici une histoire soigneusement construite, sculptée à l’aide d’un verbe conjugué en juste place. Se dévoilent des phrases ne contenant rien de plus que les mots nécessaires à la narration. J’aime ce style d’écriture, j’aime quand l’écrivain élague en incisions chirurgicales offrant au liseur le plaisir d’une lecture fluide. La qualité d’un écrivain n’est-elle pas d’éviter de se perdre dans les méandres d’un décorum approchant le baroque ?
En se laissant porter par la lecture de « Marraine » nous voici plongés au cœur de la narration des écrits de « Perrault ». Vous ne connaissez pas ? Mais si, ces noms doivent vous bousculer les souvenirs : « Blanche Neige », « Peau d’Âne » etc…
Voici une approche inédite, modelée en forme d’intrigue, un suspens passionnant à condition, comme je vous l’ai écrit plus haut, d’oser sortir de sa zone de confort. Pas de panique, le livre est captivant et je n’ai aucune honte à vous confier que j’ai trouvé plaisir par cette lecture. Certes, la magie se dévoile de-ci, de-là, sans apporter de lourdeur au récit, sans que les yeux n’emportent le lecteur vers un sommeil profond. Au contraire, si vous acceptez d’aborder ce monde imaginaire, il vous sera difficile de vous arracher de l’histoire. Magie ? Surement, basée sur une recette agrémentée de travail et d’imagination.

Malgré que la question puisse étonner les plus cartésiens d’entre vous, je me suis demandé si Émilie confessait ses espoirs de vie. J’entends déjà hurler « à la sorcellerie ! ». Je vois quelques buchers qui se préparent. Calmez-vous, éteignez votre ardeur, qu’importe mon ressenti s’il vous emporte à d’absurdes pulsions, car cette allégorie mérite que l’on s’incline et croyez mon regard, il témoigne que ce livre reflète un joli talent.
Comment puis-je vous résumer l’histoire ? Une femme a un don, celui de guérisseuse. Elle offre ses services à quelques parturientes, femmes de riches seigneurs, don l’accouchement ne se déroulera jamais comme prévu. Il y a les gentils, les méchants, les pas gentils mais pas méchants. Prenez ces quelques ingrédients et saupoudrez d’amour… Voici que la recette s’emballe, voici que l’avenir n’est plus aussi temporel pour une certaine élite. N’oublions pas d’assaisonner… Ajoutons une pincée de jalousie, de manipulation, d’orgueil mal placé… Une sorte de conte basé sur l’observation de nos propres gesticulations.

Enfin, pour terminer ce billet je n’ai plus qu’à saluer l’ouvrage. Je le fais en toute honnêteté, sans pression ni intérêt. J’offrirais une note élevée si j’étais en mesure de le faire. Quel joli cadeau que de m’offrir l’impression d’être redevenu un enfant don la brillance du regard vous offre toute sa reconnaissance.
Philippe De Riemaecker